Numéro 9, printemps 2024

Dans ce neuvième numéro, après avoir slalomé en rollers sur l’autoroute déserte entre les meules de foin, on revisitera l’histoire de la psychiatrie institutionnelle à travers la trajectoire du psychiatre catalan François Tosquelles ; on se demandera quelles armes la littérature donne-t-elle aux ados ; on s’abimera dans la contemplation des collectifs de vie et de lutte dépeints par Dianna Settles, avant de découvrir la solitude des taureaux reproducteurs « blanc bleu belge » ; on implorera le dieu des coins dans un long poème prière coulé dans le béton de la côte adriatique ; on flirtera longuement avec le désir de (sur)vivre de l’autrice Dorothy Allison ; on découvrira combien les préjugés de genre ont modelé les savoirs sur l’érection ; puis on enfilera nos scaphandres pour plonger dans les profondeurs horoscopiques sous l’œil des mouettes rieuses restées à la surface.

Gorgé·es d’iode, on prendra alors la clé des champs avec un dossier sur le travail paysan en secouant les vaines oppositions, les images d’Épinal, la tradition rance. Rats de villes, rats des champ, même combat : redorer l’outil politique de la subsistance pour lutter contre les oppressions.

Collaboratrices de ce numéro

Conception graphique de la couverture : Frédérique Rusch

Conception graphique de la maquette : Eléonore Jasseny

« En soutenant la religieuse, Tosquelles collectivise le soin »

Par-delà les légendes de la psychotérapie institutionnelle, avec Joana Masó

Propos recueillis par Charlie Bay, Julia Burtin Zortea

Dans "Soigner les institutions", Joana Masó revisite la pensée du psychiatre anti-autoritaire catalan François Tosquelles en publiant des archives pour la plupart restées confidentielles jusqu’alors. Où il est question d’expérimentations collectives et révolutionnaires.

Étés 90

Littérature ado et brouillon de soi

Texte de Adèle Cassigneul, Dessins de Julie Gourmaud

Replonger dans les romans classiques dévorés à l’adolescence avec l’espoir d’y retrouver celle qu’on était. Sonder la portée émancipatrice de la littérature destinée aux jeunes filles d’aujourd’hui. Mesurer le fossé entre les deux époques. Et se demander : comment ces œuvres façonnent-elles leurs lectrices?

« Il faut d’abord que la vie advienne »

Les portraits de groupe de Dianna Settles

L’artiste américaine Dianna Settles compose sur sa toile des scènes célébrant l’expérience de la vie en commun et la joie de lutter pour y parvenir.

La solitude du muscle, le poids du génome

Quand l'infrastructure cultive des bovins

Texte de Pauline Chasseray-Peraldi, Roxane Gabet, François Thoreau, Simon Vanderstraeten, Dessins de Carole Mousset

Bovins à la musculature hors norme, les «Blanc Bleu Belge» témoignent, entre autres, des excès d’un modèle productiviste. Quelles sont les limites des infrastructures de sélection et de reproduction des animaux de rente, à l’heure où se multiplient les promesses biotechnologiques qui veulent faire de l’élevage une « technologie obsolète » ? À quels modes d’élevage tenons-nous?

dossier : La clé des champs

Veiller au grain

Des quotidiens de femmes paysannes

Texte de Charlie Bay, Dessins de Bettina Henni

Bien souvent, lorsque je travaille dans les vignes, mes pensées divaguent jusqu’à la ferme de mon enfance. Défilent alors les paysages qui la bordent et les visages des personnes qui l’animent. Parmi elles, ma grand-mère, ma mère et ma belle-sœur, mariée à mon frère aîné. Trois générations de femmes que je décide d’interroger sur leurs parcours paysans aux différences notables en termes de statut, de tâches et de légitimité.

Son corps de ferme

Poésie agricole

Extraits d' Aurélie Olivier, Illustration de Flore Chemin

"Mon corps de ferme", c’est un petit recueil paru aux Éditions du commun en janvier 2023, dans lequel Aurélie Olivier ausculte son enfance passée dans une exploitation laitière des Côtes-D'Armor. Un récit poétique, entre intime et statistiques.

« Alors, repos ! »

Fragments d'une lutte pour le congé maternité en agriculture

Texte de Tiphaine Guéret, Dessins de Juliette Iturralde

Au milieu des années 1980, en Bretagne comme ailleurs, des paysannes se mobilisent pour l’allongement de la durée du congé maternité et la prise en charge du coût de remplacement. Une rude bataille dans un secteur où les frontières entre le privé et le professionnel étaient particulièrement floues, où l’argent manquait, et où le peu de droits accordés à ces travailleuses de l’ombre ne leur profitait pas tant.

Avec du temps

L'écologie temporelle à l'épreuve du travail agricole

Propos recueillis par Margaux Wartelle, Dessins de Alice Dourlen

S’affranchir des rapports de subordination, choisir ses horaires de travail, organiser soi-même ses journées. Se réapproprier son temps, en somme. Voilà ce à quoi aspiraient, quand iels se sont installé·es, les membres des collectifs néo-paysans auprès desquels Madeleine Sallustio a enquêté. Une gageure? Dans son livre "À la recherche de l’écologie temporelle. Vivre des temps libérés dans les collectifs néo-paysans autogérés" (PUR, 2022), l’anthropologue se penche entre autres sur les obstacles et écueils auxquels leurs ambitions se sont frottées. Entretien

La terre comme point de départ

Discussion croisée entre trois collectifs agricoles isérois

Propos recueillis par Báton, Lucile, Julia, Sebastien (collectif Erosions)

Une table ronde, et autour d’elle trois collectifs paysans, réunis un jour d’automne à Grenoble. On y parle action concrète, entraide et interdépendance, féminisme et bonheur de s’ancrer, enfin.

La brigade d’intervention lainière

Portrait dessiné d'un collectif de lainières bretonnes

Par Pauline Burtin, Diane Étienne

Féministes des champs

Le retour à la terre lesbien et queer

Propos recueillis par Claire Richard, Dessins de Margaux Meissonnier

Pour sa thèse, la sociologue Constance Rimlinger a enquêté sur le mode de l’observation participante dans plusieurs lieux tenus en milieu rural par des féministes non hétérosexuel·les. Objectif : comprendre comment s’y met en acte une politique écoféministe au quotidien.

Le visage (pas si) caché du salariat agricole

Par Des ouvrières agricoles

Les champs de la débrouille

Travail agricole, frontières et soutien communautaire

Propos recueillis par Janeth Matamoros, Amandine Poirson, Dessins de Anaïs Rallo

Travailleuse sociale dans le Gard, Evelyn Mejia a grandi en Équateur, avant de fréquenter les bancs de l’université espagnole, puis les serres de tomates du Sud de la France. Elle y a retrouvé des travailleur·ses comme elle espagnol·es et originaires d’Amérique latine. Depuis quelques années, elle les épaule dans leurs démarches administratives.

« Tu devrais faire attention à ce que tu dis »

L'agrobusiness breton au crible, avec Morgan Large

Propos recueillis par Naïke Desquesnes, Dessins de Magdalena Lamri

Journaliste bretonne, Morgan Large enquête depuis des années sur les ravages et les dérives de l’agro-industrie bretonne. Un combat pour briser l’omerta qu’elle paye cher. Rencontre.

dieu des coins

Poème de Viola Lo Moro

Traduit par Marie Fabre, Mise en page de Pauline Nuñez

Des femmes, des démons et quelques notes de musique

Une traversée de l'oeuvre de Dorothy Allison

Texte de Nathalia Kloos, Dessins de Nine Antico

Militante féministe et lesbienne radicale issue des classes populaires blanches du Sud-Est des États-Unis, Dorothy Allison est de celles qui, à travers les mots, cousent des bribes du réel à la fiction. Pour dire l’inceste et l’amour filial, le mépris de classe et la fierté, la puissance des femmes et l’extase dans le sexe. Aperçu d’une œuvre littéraire à rebours des canons romanesques.

Vous avez dit dur ?

Préjugés de genre et compréhension des mécanismes de l'érection

Texte de Marie Walin, Dessins de Anouk Rebaud

L’anecdote est célèbre. En 1981, le chirurgien Ronald Virag injecte à un patient un produit à l’effet inattendu: alors qu’il était jusque-là impuissant, l’homme présente sur la table d’opération une parfaite érection. Cette découverte fortuite ouvre la voie à l’invention du Viagra. Mais comment expliquer la mise au point tardive de traitements contre l’impuissance sexuelle masculine ? En raison de préjugés de genre solidement enracinés dans les savoirs médicaux occidentaux.

Bathyscope

Par Des ré-aggloméré·es, Mise en page de emil* ripert