Numéro 4, été et automne 2019

Dans ce quatrième numéro, alors que les bourgeons pointent et que les ronds-points persistent, on confiera nos données numériques à un serveur safe, on embarquera à bord du Pays de Liège pour une croisière toxique sur la Meuse, on piétinera les conventions sexistes de la peinture classique avec les portraits de Sylvia Sleigh, on s’interrogera sur la manière dont il est permis à une femme d’être une grande écrivaine, on arrachera l’asphalte des rues bruxelloises avec un super-héros qui pourrait être vous, on comparera les rôles d’Hélène et des esclaves dans les traductions successives de L’Odyssée, puis l’on perdra la tête en retraçant l’évolution rhizomatique de la renouée du Japon. Le week-end étant arrivé, on passera alors le DIMANCHE EN FAMILLE à l’ombre des cerisiers rouges et des pommiers blancs, pour réfléchir aux liens qui nous obligent et respirer un peu plus large pendant que le soir tombe.

Collaboratrices de ce numéro

Conception graphique de la couverture : Atelier McClane

Conception graphique de la maquette : Jeanne Gangloff, Éléonore Jasseny, Félicité Landrivon

Pas d’internet féministe sans serveurs féministes

Entretien avec Spideralex

Propos recueillis par Claire Richard

Internet n’est pas un « cyberespace » désincarné, mais un réseau de câbles, de serveurs et de centres de stockage des données, soit une infrastructure modelée par des jeux de pouvoir économiques et géopolitiques. Puisque l’histoire du féminisme est indissociable de celle de la création d’espaces gérés par et pour les femmes, qu’en est-il de la toile ?

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Croisières toxiques

Décontenancer l'histoire industrielle de la vallée de la Meuse

Par François Thoreau, Alexis Zimmer

En amont de Liège, les rives encaissées de la vallée de la Meuse sont densément occupées par des friches industrielles, restes de la grande époque de la métallurgie et de la sidérurgie wallonnes. Au-delà du grand récit du Progrès, quelles histoires sourdent de ces imposantes usines éteintes ? Embarquez à bord du Pays de Liège pour une « croisière toxique ».

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dossier : Un dimanche en famille

 La famille type, en Occident du moins, est aujourd'hui largement définie par la filiation biologique et surtout par un recentrement parents-enfants. Rien de spontané ni de naturel là-dedans. De gros efforts ont été et restent nécessaires pour encourager au repli nucléaire, désormais fondement de la vie privée, de l'organisation sociale et des théories politiques conservatrices. C'est sur ces efforts que Panthère Première se penche lors d'un dimanche bien particulier. Comment l'État encourage-t-il la famille et dessine-t-il ses contours ? Qui travaille à créer des liens ? Quelles sont les opérations qui la fabriquent et, partant, quels sont les points où elle se défait ?

Illustrations de Diane Étienne (gravures sur bois)

« Être adopté·e est une identité à part entière »

Histoire critique de l'adoption, avec Amandine Gay

Propos recueillis par Norah Benarrosh-Orsoni

Après le documentaire "Ouvrir la voix", la réalisatrice Amandine Gay prépare un film sur l’adoption internationale à partir du point de vue, très rarement exposé, des personnes adoptées. À cette occasion, elle revient sur une histoire scandaleuse et méconnue, et met en avant les pistes dégagées par les adopté·es pour réformer les manières, souvent normatives, de penser la famille.

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« Ma nounou est une fée »

Malaise domestique

Par Nathalia Kloos

Au cinéma et dans les romans, les nounous apparaissent souvent sous les traits de femmes aussi fascinantes qu’inquiétantes, régnant sur des foyers qui ne sont pas les leurs et qui, d’un coup de baguette magique, peuvent transformer la boue en or. Mais dans la vraie vie, qui sont-elles, ces nounous et autres employées domestiques dont l’existence permet à nombre de systèmes inégalitaires de se perpétuer ?

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La pharmacopée des bonnes familles

Mangez, bougez, administrez-vous !

Photographie réalisée par Amélie Laval

Soigner la guerre froide (en famille)

Naissance de la thérapie familiale aux États-Unis

Par Julia Burtin Zortea

Aux États-Unis, le mouvement de la thérapie familiale naît suite à la Seconde Guerre mondiale pour répondre à des problèmes variés, tels la délinquance ou la schizophrénie. Aujourd’hui, les psychothérapies brèves et comportementalistes qu’il a contribué à élaborer entre 1950 et 1970 foisonnent un peu partout dans le monde occidental. Mais quelles conceptions de la « famille » ont sous-tendu l’émergence de ce mouvement ? Retours sur les débuts, très politiques, de la thérapie familiale, avec le livre de l'historienne Deborah Weinstein, "The Pathological Family. Postwar America and the Rise of Family Therapy" (Cornell University Press, 2013).

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Passer des bras de maman à ceux de « tata »

Quand les éducs fabriquent du lien familial

Propos recueillis par Sylvaine Camelin

Quand un enfant est placé suite à une décision de justice, comment faire pour que ça marche ? C’est notamment le travail de l’Aide sociale à l’enfance : l’aider à construire la relation spéciale qui le lie à sa famille d’accueil, tout en préservant le lien avec ses parents. Loin d’être évidents, ces rapports de famille supposent l’intervention de travailleurs sociaux. Entretien avec un éducateur et une éducatrice en quête de la juste distance.

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Ne pas en avoir

Propos recueillis par Claire Feasson

De l’impossibilité médicale de procréer au désir de conserver une certaine liberté, il existe mille et une raisons de ne pas avoir d’enfants. Or l’injonction sociale à la maternité est encore très lourde, et le regard porté sur les femmes sans enfants d’autant plus suspicieux. Entretien croisé avec plusieurs d’entre elles.

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Elsa Morante, femme-canon

Ou comment rapetisser une grande écrivaine

Par Marie Fabre

La romancière et poétesse italienne Elsa Morante (1912-1985) a produit une œuvre hautement originale alliant le réalisme à l’onirisme, le roman psychologique à la fable mythique, le spirituel au politique. Cette année, elle était à l’honneur dans deux publications célébrées : le roman "Elsa mon amour", de Simonetta Greggio, et la biographie "Elsa Morante, Une vie pour la littérature", de René De Ceccatty. Cette dernière décrit une personnalité hors du commun mais laisse peu de place à la carrure d’une femme pensante. Une occasion rêvée de réfléchir, plus largement, à la manière dont il est permis aux femmes d’entrer dans le « canon » littéraire.

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« Depave the world ! »

Entretien exclusif avec un super-héros bruxellois

Propos recueillis par Ananda Kohlbrenner

Nom : Super Désasphaltico / Profession : Súper amigo / Lieu de résidence : Bruxelles / Mission : Libérer le sol de ses couches d’asphalte et permettre au cycle naturel de l’eau de se réaliser à nouveau

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Les sirènes de l’interprétation

Variation genrée d'un grand classique

Texte de Julia Burtin Zortea, Dessins de Elsa Abderhamani

Ulysse, Pénélope et Hélène comme vous ne les avez jamais vus !

Ambivalences de l’exotisme

Grâces et disgrâce de la renouée du Japon en Europe

Par Noémie P.R., Livia Cahn

Méprisées ou soudainement encensées, les « mauvaises herbes » racontent beaucoup de nos rapports à la nature, dans un temps long. Tantôt invasives, tantôt adjuvantes, les « espèces exotiques » résistent aux tentatives de catégorisation. De qui, de quoi sont-elles les alliées ?

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Horoscope (ou plutôt Pynchoscope)

Par Esther Girard, Nicolas Paul, Mise en page de Célia Portet