Dans ce deuxième numéro, sous le soleil exactement, on se frottera à la Peau de l’écrivaine Dorothy Allison, on piquera une tête dans les archives du premier journal des Sourdes, on se laissera dériver dans les eaux sombres du desgosto avec les Paumari et les Guarani du Brésil, on surfera sur les fautes d’orthographe d’un auteur sicilien qui donne du fil à retordre à sa traductrice, on enflera masque et tuba pour suivre la ronde des corps de l’artiste Carlotta Bailly-Borg, on s’immergera dans une structure médicale qui soigne des femmes aux parcours violentés, on se rafraîchira avec une petite salade sauvage cueillie dans la campagne catalane, puis l’on contemplera le crépuscule tomber sur le genre, la ligne de l’horizon en toile de fond. La brise s’étant levée, on se réchauffera aux braises de La pierre à feu, où il sera question de gros et de petits sous, d’inégalités patrimoniales et de foyers émancipateurs.
« Vous avez relevé notre tête ! »
Dans les archives d’un journal de femmes Sourdes (1912-1937)
Par Mathilde Blézat
En 1880, la langue des signes est interdite en France, renforçant, entre autres, l’isolement des femmes Sourdes. En 1912, l’une d’elles crée un journal pour servir de « messagère » à ses paires. Immersion dans ces pages, où se lisent l’écho de vies oubliées – et la constitution d’une sororité.